Depuis que je pense au retour, je ne pense qu’à lui, à lui en musique, en vent dans les mains, les mains propres au vent, le vent chaud et sec, la fraîcheur de la lessive, la douceur du dimanche, je ne pense plus qu’à lui en chemise, qu’à lui en torse, qu’à lui faire une surprise, qu’à ses yeux en rigoles, je ne pense plus qu’à lui couché nu, qu’à notre vieille roulotte, qu’à nos couvertures chaudes, qu’à notre chat qui dort, qu’à nos
massages à toute heure, qu’à ses mains sur ma taille, qu’à ses phrases sur les miennes, entassées pour ne faire qu’une, pour ne faire que mieux penser, penser à autre chose, à des choses du maintenant, sans censurer hier, sans clôturer demain.
Depuis que j’y pense, à ce revenir je chante, des bouts de rien dans ma tête, trop pleine de reprises, les mêmes voix autour du feu, qui se disent ma famille, des voix d’inconnus. Je pense au retour ensemble, à la fin de mes expériences, d’aventures
innocentes, en dédales de joues creuses.
Je ne fuis plus, je retourne, et je ne pense qu’au retour, en bras amples, en promesses, en refrains glorieux.
Poème extrait du recueil Carnet brûlé (du monde qui crie) de Marilyne Busque Dubois, Les Éditions du Blé, septembre 2019