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À l’aube de 2007, année des 18 ans d’Élianne, la vie est belle. Elle étudie en bio-écologie et se dirige en biologie marine. Elle est athlète en vélo de montagne, a un amoureux et part pour le Mali visiter son frère et sa famille... Élianne est heureuse. Jusqu’à la journée fatidique où sa vie bascule.

Les textes de cette chronique proviennent d'extraits de courriels envoyés à la famille par Jocelyne, sa maman. L’histoire d’Élianne m’a bouleversée et je voulais vous donner la chance de la lire. Pour vous faire connaître un peu Élianne, nous avons débuté cette chronique dans le numéro de mai 2017 par son voyage au Mali avec Jocelyne. Nous vous recommandons cette lecture préalable. MISE EN GARDE : certaines images et textes peuvent heurter la sensibilité des personnes non averties.

Jusqu'où ira-t-elle?

6 février 2008

 

Nous avons eu la réunion avec les thérapeutes pour fixer les objectifs pour les trois prochains mois. Elles trouvent Élianne pas mal bonne et motivée, ses progrès sont lents, mais constants et l’on espère qu'elle continuera de progresser. La neuropsychologue m'a dit : « Je ne sais pas jusqu'où elle pourra récupérer, jusqu'où elle pourra aller, mais je suis certaine d'une chose, elle ira au maximum, elle a tout, elle est motivée, persévérante et elle a tout autour d'elle pour aller chercher tout ce qu'elle peut ». Élianne veut travailler son bras gauche, car comme elle ne peut pas encore contrôler sa main elle se trouve pas mal dépendante des autres pour des choses comme s'habiller et se coiffer, et cela la dérange beaucoup. Cela l'attriste aussi parfois, mais généralement elle a un assez bon moral. Pour l'instant, elle poursuit ses progrès avec la marchette, elle ne peut pas encore l'utiliser seule donc on essaie de la faire marcher quand on lui rend visite. Avec son fauteuil, elle est capable d'aller seule à la toilette au centre, mais doit encore le faire sous supervision. Elle a commencé à monter des escaliers avec de l'aide et elle pratique cela en physiothérapie. On fera installer une rampe à la maison afin de l'aider. Elle devra porter une orthèse au pied droit pour commencer et par la suite au pied gauche, et cela pendant un certain temps, non encore déterminé.
 
On a eu toute une série de rendez-vous médicaux en janvier, le dernier en date étant le suivi en cardiologie à l'Institut. Elle devra passer une échographie la semaine prochaine pour déterminer si oui ou non elle a effectivement une malformation. On espère que non, car cela signifie du Coumadin à vie et éventuellement une insuffisance cardiaque à moyen ou à long terme. Le jeune résident qui nous a reçus en cardiologie était bouche bée devant elle quand il l'a reconnu, il était présent à l’Hôpital du Sacré-Cœur durant les premières semaines d'Élianne aux soins intensifs et ne l'avait jamais revu depuis. En fait, il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit tout simplement... vivante... et il lui posait plein de questions. Il nous a dit avoir été très marqué par elle, il se souvenait des photos sur son mur, il était présent lors de ses arrêts cardiaques et de toutes les complications, et cela l'avait bien impressionné.
 
Élianne a gardé son sens de l'humour, lors de son scan cérébral dernièrement, elle est sortie de là en demandant au technicien si elle avait encore un cerveau!!! Et elle a bien ri de son père quand il lui a dit (redit en fait), en passant devant le mont Gabriel, qu'il avait déjà skié là avec elle, et qu'elle lui a répondu qu'elle le savait puisqu'il lui avait dit la même chose la semaine précédente en passant devant! On ne peut même plus radoter!!!
 
Elle vient toujours passer les week-ends à la maison, c'est bien occupant, mais bien agréable aussi. Des amis nous ont prêté une luge finlandaise et nous l'avons utilisée pour l'amener voir les chevaux chez la voisine, elle était bien impressionnée par leur gabarit, et l’on est allés patiner au lac Masson. Le prochain week-end, Paule viendra m'aider, car Gilbert part en refuge en ski de fond.
 
Samedi dernier, il y a eu une grande fête au village de Tabitongo (pays Dogon, au Mali). Yves, mon frère, et Issa, notre ange gardien, ont apporté au village des photos d'Élianne DEBOUT, du riz, un mouton et des noix de kola pour le chef, afin de célébrer et de les remercier pour toutes les prières pour Élianne. Yves rentre pour de bon au Québec bientôt et il tenait à faire ce petit pèlerinage avant.
 
Parlant de pèlerinage, nous avons fait notre petite cérémonie-souvenir habituelle pour souligner les trois ans du décès de Claire, notre mère, le 31 janvier. Nous avons fait un bon souper dans un resto de Saint-Sauveur, mes deux sœurs et moi, et Julie, la femme de mon neveu Victor. Maman nous accompagnait, sa photo et ses cendres étaient bien disposées sur la table. Comme c'était un souper de filles, nous avons appelé Élianne pour lui dire qu'elle devra être présente avec nous l'an prochain! Toute la journée je me suis dit que c'était une vraie bénédiction que Claire soit partie avant tout cela...
 
J'ai reçu une assignation à comparaître au tribunal, Sandra Diotte, la conductrice, connaîtra sa sentence le 14 mai et le juge veut m'entendre avant. Je vais essayer de bien me préparer afin de bien faire comprendre au juge toutes les conséquences de cet accident, et surtout les implications à long terme.
 
Renaud viendra nous visiter prochainement, il s'est trouvé un emploi au Quiznos Sub de Rimouski, mais il a ses week-ends de congé et il manque pas mal à sa sœur.
 
En attendant, je vais essayer de suivre les recommandations de mon médecin, et comme écrire des messages de groupe n'en fait pas partie (!) je vais vous laisser pour aller m'occuper de ma vaisselle et des comptes à payer!!!
 
Je vous embrasse et vous remercie pour votre fidélité,
 
à bientôt, xxx Jocelyne

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En janvier, ses amies de fille ont organisé une petite soirée à la maison, elles ont soupé, jasé et joué à Cranium, ça semblait assez drôle, car je les entendais rire et crier. Élianne aime beaucoup se retrouver avec ses amies et ça lui manque de ne pas pouvoir les voir davantage. Elle s'ennuie aussi de Sherbrooke et l’on va y retourner en février afin qu'elle voie son monde de là-bas. Moi, je suis toujours aussi bouleversée quand je suis confrontée à la vie « normale » des autres jeunes, comme lundi soir dernier aux résidences de Bois-de-Boulogne où l’on était allé chercher Vivi pour aller magasiner.

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