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D’abord, où se trouve Élie?

 

Parmi tous ceux qui me liront, il s’en trouvera certainement un bon nombre qui n’auront pas la moindre idée où se trouve Élie. Bien sûr, les gens de la place pourraient s’y rendre les yeux fermés.

 

Il y a, au centre du Canada, une province qui s’appelle le Manitoba. Comme toutes les provinces canadiennes, elle est traversée par la route transcanadienne qui porte le numéro 1. En plein milieu, entre Winnipeg et Portage La Prairie, elle est coupée par la route 248, et c’est exactement là, du côté sud, que se trouve Élie. De là à dire qu’Élie serait le nombril de la province, il n’y a qu’un pas.

 

Je suis né à Élie dans la municipalité de Cartier en juillet 1934, le 9 ͤ  d’une famille de 12 enfants, fils d’un charpentier et fermier en même temps, et d’une mère généreuse et travaillante, avec un cœur à la bonne place.

 

Notre maison

 

On pourrait presque dire que notre maison était située sur une île parce qu’il y avait la rivière La Salle à l’ouest, les Bouchard au nord avec une clôture qui séparait le terrain et l’étable, et la coulée à l’est, ce qui formait une espèce d’île.

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La maison n’était pas tellement riche, mais avec les années, le père et Marcel, mon frère, avaient agrandi la maison. Ils l’ont réparée et ont fait des ajouts à un point tel qu’elle était devenue très confortable. On entrait par le côté est de la cuisine, avec la dépense (pantry) au sud, au nord il y avait le salon, et la chambre à coucher du père et de la mère dans le coin nord-ouest. Les enfants avaient quatre chambres en haut, la chambre de Fleurette à gauche en haut de l’escalier, la chambre à tuyaux à droite pour les petites filles, un peu plus loin c’était la chambre des grandes filles, et la chambre des garçons était un peu à gauche, passée la chambre de Fleurette.

 

J’ai mentionné la chambre à tuyaux parce que les tuyaux qui venaient du poêle en bas traversaient la chambre et l'on appréciait cela, car il faisait toujours chaud dans cette chambre, surtout l’hiver pendant les gros froids. Nous avions une cave creusée dans la terre. Des années plus tard, nous avons levé la maison et creusé en dessous pour y faire une cave en béton afin d'améliorer son apparence et d'avoir plus d’espace. On avait une fournaise à bois et l'on commençait à avoir des congélateurs. La famille était nombreuse et il nous fallait un peu plus d’espace. Dans la cave de terre, on gardait les patates et par-dessus les patates, on plaçait des planches, souvent des portes de wagon à charbon qui étaient propres, et l'on mettait les choux à l’envers par-dessus, ça nous permettait ainsi d’avoir des choux pour l’hiver. Ensuite, on a creusé une citerne pas loin de la cuisine pour garder l’eau, afin d'alimenter la pompe dans la maison, c’est là qu’on y ajoutait de la glace en hiver. Tout près de la maison, au sud, on avait installé un réservoir pour y recevoir les eaux usées de la cuisine. Ce n’était pas un cadeau le printemps, il fallait une pompe spéciale pour pomper cette eau et éloigner les égouts de la maison.

 

On avait un puits de l’autre côté du hangar; mon père avait repoussé un tuyau de la cave de la maison à dix pieds de profondeur – 100 pieds de longueur – vers le puits et pas tout à fait au centre, mais très bien réussi, et l'on pouvait retirer de l’eau salée pour les toilettes, le lavage du linge et pour d’autres usages. Au nord de la maison, il y avait un bâtiment d’entreposage qu’on appelait « la shed à miel », c’était pour entreposer les choses de valeur et extraire le miel pour le conserver. Il y avait là aussi toutes sortes d’autres matériaux en entreposage. En plus, à l’approche de Noël, notre mère préparait des lèchefrites remplies de blé soufflé au sucre à la crème. Mais le moment venu de s’en servir, il n’en restait pas beaucoup. Chaque fois qu’on allait chercher quelque chose dans le hangar, on s’en payait un morceau. Ensuite au sud-ouest de la maison, tout près de la rivière, nous avions une glacière (c’était comme un puits carré 4 x 5 de 15 à 20 pieds de profondeur) et l’eau était toujours un peu froide et fraîche. On gardait beaucoup de choses, là, telles que des bocaux de crème, du beurre, de la viande, etc. que l’on descendait dans un contenant ouvert muni d’un câble. Quand on en avait besoin, on tirait sur la corde et on les montait pour s’en servir, et ensuite on les redescendait.

 

Parfois les câbles se cassaient et l'on renversait de la crème ou du lait dans l’eau et il fallait tout nettoyer. Plus tard, on a construit un garage double au nord sur la ligne à Bouchard pour les autos, les camions et le tracteur. En avant à l’est, une étable qui y est encore aujourd’hui. On s’en servait pour les animaux et pour engranger le foin, la paille, les moulées, etc. On avait au moins deux chevaux en tout temps, et souvent quatre ou six, une dizaine de vaches, des ports à cochons, des ports à veaux et ainsi de suite. On avait un port spécial pour garder les betteraves rouges (pour les animaux), et en hiver, quand les vaches en avaient assez de leur nourriture quotidienne, on leur donnait « une traite » de betteraves rouges. On aurait dit que ça les encourageait à nous donner plus de lait. Ce que l’on faisait aussi était de ramasser les queues de betteraves à sucre à l’automne pour en faire de petits tas tout près de l’étable et l’hiver, de temps en temps, on allait en chercher pour en mettre sur le foin que l'on distribuait  aux vaches. Eh! Monsieur. C’était quelque chose qu’elles aimaient à en mourir. Il ne fallait pas leur en donner trop, car le lait goûtait un peu la betterave et elles pouvaient nous faire des dégâts. Je reviens aux 80 acres que mon père avait achetés de l’autre côté de la rivière, et aux 30 acres tout près de la rivière, et derrière l’étable. Un morceau en avant qui rejoint le village avait 11 acres. On s’en servait pour semer du grain, des betteraves, etc. Mais après quelques années, des gens ont commencé à nous demander des lots pour s’installer, car c’était à proximité du village. Alors, on a vendu des lots et ça rapetissait le morceau de terre. Marcel s'est bâti sur le coin en face du nouveau pont, il a bâti deux ou trois maisons en arrière de cela pour louer ou vendre. Raymond, lui, s’était construit le long du chemin qui s’appelle aujourd’hui le chemin Bernardin. Ça mangeait un peu dans les 11 acres que nous avions. On avait aussi un grand jardin entre la coulée et Marcel, qui produisait des framboises, des légumes, etc. Chaque samedi surtout, il fallait cultiver le jardin. Il fallait un cheval, soit le grand King, la Queen ou Pauley pour le cultivateur, mais quand c’était le tour de la Queen, elle s’en allait dans les 11 acres à l’extrême est et faisait semblant de se sauver. Il fallait prendre l’engin pour courir après elle pendant 10 à 15 minutes. Après avoir couru tout ce temps-là, elle revenait à la porte de l’étable, fatiguée, et là, on pouvait l’atteler et cultiver le jardin. La vieille Pauley, la blonde de Fernand, avait aussi droit à son tour sur le cultivateur. Mais étant un peu plus vieille, et fatiguée, après une couple d’heures d’ouvrage, elle se rangeait les pattes d’en arrière et piétinait les feuilles de chou pour nous envoyer un message très clair : C’est assez.

 

C’est dans les années cinquante que nous avons pu commencer à recevoir les services d’électricité à Élie. Je me rappelle que nous avons été parmi les premiers à la faire installer chez‑nous. Je me souviens aussi que c’est l’étable qui a été la première servie.

 

On ne pouvait pas utiliser une ampoule de plus de 15 watts. C’était quand même une amélioration comparativement à l’usage du fanal et aussi beaucoup moins dangereux. Avant tout ça, je me souviens de l’intérêt et des démarches de mon père pour nous obtenir les services d’un médecin. Je ne l’ai pas connu, mais un des premiers médecins était le Dʳ Marselets. Je vois un cheval attelé à un buggy, c’était son mode de transport, et l’on me dit que souvent à cause du froid, le médecin prenait un coup de petit blanc. Le cheval, lui, le savait et se rendait à l’étable par lui-même quand il le fallait.

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